jeudi 20 avril 2023

La collecte des données (phase 2 du processus de la recherche)

Il existe une grande variété de méthodes d’analyse des données tant quantitatives que qualitatives. Chacune possède une finalité qui lui est propre (comparer, structurer, classer, décrire...) et qui conduit à mettre en lumière certains aspects du problème étudié. Le choix d’une méthode d’analyse dépend donc de la question et du type de résultat souhaité. Comme nous l’avons déjà indiqué, aucune méthode n’est supérieure à une autre dans l’absolu. La complexité de l’analyse n’est pas un gage de meilleure qualité de la recherche. En effet, une méthode d’analyse complexe n’est pas nécessairement la mieux adaptée. 

Chaque méthode d’analyse repose sur des hypothèses qui limitent ses conditions d’utilisation. Chacune comporte un ensemble de contraintes concernant la nature des données, le nombre d’observations nécessaires ou encore la loi de distribution des observations. Le choix d’une méthode d’analyse suppose donc que l’on connaisse parfaitement ses conditions d’utilisation, de manière à pouvoir déceler à l’avance les éléments susceptibles de la rendre inutilisable dans le cadre de la recherche envisagée. L’exploration de diverses méthodes n’est pas indispensable mais présente quelques avantages. Comparer différentes méthodes permet, en effet, le cas échéant, d’en identifier d’autres qui seraient plus adaptées que celle choisie a priori. C’est également un moyen de mieux éclairer les conditions d’utilisation d’une méthode et d’en comprendre plus facilement les limites. Dans tous les cas, procéder de la sorte permettra de rassembler les éléments nécessaires pour justifier les choix que l’on aura effectués. 
Identifier au préalable les limites de la méthode permet aussi d’envisager dès le départ l’utilisation d’une méthode complémentaire qui viendra combler les déficiences de la première et pourra renforcer les résultats de la recherche. Dans ce cas, il convient de vérifier l’absence d’incompatibilité entre les deux et de tenir compte des contraintes de chacune des méthodes retenues. 

Les questions sur la méthode 

- La méthode retenue permet-elle de répondre à la problématique ?
- La méthode retenue permet-elle d’arriver au type de résultat souhaité ?
- Quelles sont les conditions d’utilisation de cette méthode ?
- Quelles sont les limites ou les faiblesses de cette méthode ?
- Quelles sont les autres méthodes possibles pour répondre à la problématique ? 

Au cours de cette phase, le chercheur explique et justifie les méthodes et les instruments qu’il utilisera pour appréhender et collecter les données, en réponse aux questions posées. 
Le chercheur précise également les caractéristiques de la population (groupe humain ou non) sur laquelle il va travailler et à laquelle il va arracher les informations. Il décrit enfin le déroulement de la collecte des données et indique le plan d’analyse des données. 
 
Décrire le déroulement de la collecte des données 

Le chercheur prévoit et décrit autant que possible les problèmes que pourrait soulever le processus de collecte de données.  Un plan de recherche doit avoir prévu la façon d’organiser le déroulement : quelle population sera interrogée, qui précisément sera soumis à l’enquête, quelle sera la taille de l’échantillon, de quelle façon on interrogera, quelles dispositions administratives ont été prises, de combien d’enquêteurs disposera-t-on, quelles logistiques à disposition, quels sont les obstacles prévisibles à contourner...

vendredi 14 avril 2023

La revue de littérature

Recenser les écrits et autres travaux pertinents 


Dans cette partie, le chercheur montre qu’il connait bien les autres auteurs et les œuvres qui ont, avant lui, d’une manière ou d’une autre, abordé le domaine et le sujet de recherche qui sont les siens. Il s’agit de passer en revue l’ensemble des écrits (revue de littérature) ou autres ouvrages pertinents, c’est-à-dire ceux qui correspondent aux préoccupations majeures de cette recherche, et sélectionner puis organiser intelligemment. 

La construction d’une revue de littérature part de la question de recherche qu’on s’est donnée. C’est pour cette raison d’ailleurs que cette question de recherche doit être clairement formulée. 

Une fois ces orientations précisées, il faut sélectionner les ouvrages qui se réfèrent au thème de l’étude et à la question de recherche ou qui portent sur des problématiques liées à la question de recherche. Pour effectuer ces lectures, il faut observer quelques principes : 

- Partir toujours de la question de recherche

- Rechercher des documents qui présentent surtout des analyses et non uniquement des statistiques - Recueillir des textes qui donnent des approches diversifiées du problème que l’on veut étudier

- Elaborer une grille de lecture. 

lundi 10 avril 2023

La construction de l'objet de recherche (Phase 1 du processus)


Pour mener à bonne fin une recherche, il faut bien penser, bien réfléchir, bien identifier un problème précis, poser une question centrale. Les étapes de la phase de construction de l’objet sont les suivantes : 

Choisir le thème 

Le chercheur commence par laisser naître en lui une idée avec laquelle il “jongle” pour orienter sa recherche. L’idée peut lui venir d’une observation, de ses expériences personnelles dans la vie courante ou dans la vie professionnelle, ou des écrits se rapportant au domaine d’étude, ou d’une insatisfaction par rapport à ce domaine particulier. La connaissance des travaux existants lui permet de savoir si une recherche est envisageable dans le domaine et peut lui suggérer le type de question à poser et le sujet précis à étudier empiriquement. 

Choisir et formuler un problème de recherche 

Avant de pouvoir choisir une technique d’enquête, le chercheur doit avoir perçu en amont un “problème” à élucider, à étudier par sa recherche. C’est une étape essentielle du processus de recherche. On élabore donc une problématique après avoir “cerné ce qui fait problème”. 
En s’appuyant sur les lectures (consultation d’ouvrages et travaux), et les observations préliminaires de terrain, le chercheur formule un problème de recherche, c’est-à-dire qu’il développe et articule par un enchaînement d’arguments la traduction d’une préoccupation majeure, l’expression de “ce qui pose problème”, de “ce qui fait problème”, et qui mérite d’être étudié, élucidé”. 
La formulation du problème permet de spécifier (là ou) les questions pertinentes par rapport à l’objet d’étude.

Problématiser : Enoncer les questions de recherche 

La problématique est la présentation d’un problème sous différents aspects. C’est l’art de poser des questions pertinentes. C’est ainsi la capacité de faire surgir du thème et du problème des questionnements. 
La problématique relève de la conceptualisation, de la conception, du traitement théorique de l’objet d’étude. Elle réside dans l’effort de construction, d’agitation d’idées, de pensées, de théories sures “ce qui fait problème” dans un sujet. Elle concerne un objet de préoccupation identifié, passé au crible des questions et des objectifs. 

• Les questions de recherche
Il n’y a pas de recherche là où l’on ne pose pas de question. Einstein a pu dire que la science est bien moins dans la réponse que dans les questions que l’on se pose. 
Les questions de recherche sont des énoncés interrogatifs qui formulent et explicitent le problème identifié. Une fois le problème de recherche identifié et formulé dans la forme d’énoncé affirmatif, le chercheur procède à un retournement (conversion) du problème sous forme d’énoncé interrogatif écrit au présent de l’indicatif. Il s’agit de soulever et de poser explicitement la question principale ou centrale et les questions complémentaires (autant que nécessaires pour compléter et clarifier la principale ou pour exprimer intégralement le problème de recherche). 

Les questions permettent d’agiter le problème sous tous les angles ou aspects pour l’expliciter et mieux l’appréhender. Sans question, il n’y a pas de recherche. 

La question de recherche doit avoir les qualités suivantes : 

- La clarté et la précision : cette première qualité suppose que la question de recherche ne soit ni longue ni ambiguë, ni vague. C’est quelque chose de précis, de lisible et de cohérent ; 

- Il faut que la question de recherche soit réaliste et pratique : cette deuxième qualité indique que le chercheur en formulant sa question de recherche doit tenir compte d’un certain nombre de contraintes comme par exemple : 

Son niveau de connaissance et de compétence. Il doit se poser la question suivante : suis-je suffisamment formé et informé sur le domaine concerné ? 
Les ressources en temps, en moyen matériel et financier : le chercheur doit résoudre la question de leur disponibilité. 

Les objectifs de recherche 
Les objectifs sont des déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à atteindre. Ils expriment l’intention générale du chercheur ou le but de la recherche et spécifient les opérations ou actes que le chercheur devra poser pour atteindre les résultats escomptés. 

mardi 4 avril 2023

La démarche abductive

Le processus de recherche


« L’abduction est un processus inférentiel (en d’autre termes, une hypothèse) qui s’oppose à la déduction, car la déduction part d’une règle, considère le cas de cette règle et infère automatiquement un résultat nécessaire. Un bon exemple de déduction est :

(i) Chaque fois que A frappe, alors B bouge la jambe

(ii) Mais A a frappé

(iii) Alors B a bougé la jambe


Supposons maintenant que j’ignore tout cela et que je vois B bouger la jambe. Je m’étonne de cet étrange résultat (iii). En me fondant sur des expériences précédentes connues en divers domaines (par exemple j’ai noté que les chiens glapissent quand on leur marche sur la patte), je tente de formuler une règle encore inconnue (i). Si la règle (i) était valable et si (iii) était le résultat d’un cas (ii), alors (iii) ne serait plus surprenant. 


Evidemment, mon hypothèse devra être  mise à l’épreuve  pour pouvoir être transformée en une loi, mais il y a de nombreux cas où je ne cherche pas des lois universelles, mais une explication capable de désambiguïser un événement communicatif isolé… l’abduction est un procédé typique par l’intermédiaire duquel on est en mesure de prendre des décisions difficiles lorsque l’on suit des instructions ambiguës. »  (Eco, 1990)


« L’abduction est l’opération qui, n’appartenant pas à la logique, permet d’échapper à la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations qu’entretiennent effectivement les choses (…). L’abduction consiste à tirer de l’observation des conjectures qu’il convient ensuite de tester et de discuter » (Koenig, 1993).