vendredi 16 juin 2023

Les entretiens semi-directifs

C’est le plus utilisé en sciences de gestion, il est mené à l’aide d’un guide (ou grille ou encore canevas) d’entretien, sorte de liste des thèmes/sujets à aborder avec tous les répondants et qui constitue un véritable support et fil conducteur de l’échange. 

L’ordre de discussion n’est toutefois pas imposé. L’enquêteur s’appuie sur l’enchaînent des idées propres au répondant pour évoquer un thème avant ou après un autre. Cette flexibilité de l’entretien semi-directif permet, par la relative liberté laissée au répondant, de mieux appréhender sa logique alors que, dans le même temps, la formation du guide favorise des stratégies d’analyse comparative et cumulative entre les répondants et se prête mieux à certaines contraintes de terrain (faible disponibilité des répondants) et aux compétences de enquêteurs (souvent limitées). Sa durée varie le plus souvent entre trente minutes et deux heures.

Au cours de l’entretien semi-directif, le rôle de l’enquêteur est donc d’approfondir chaque élément important du discours du répondant, en s’appuyant sur le guide qui lui fournit un cadre général du déroulement de l’entretien, une exposition ordonnée des sujets à aborder et une suggestion des techniques de relance ou d’approfondissement à utiliser.

Il convient de distinguer différents types d’objectifs possibles, ces derniers ayant une influence sur le choix des types d’entretiens et leur organisation. Si le chercheur cherche avant tout à connaître les différentes positions, compréhensions, attitudes, etc… par rapport à un sujet (avec éventuellement une volonté de comparaison), il a alors intérêt à construire un guide d’entretien qui lui permettra une approche systématique des différents répondants sur les mêmes thèmes et facilitera l’analyse ultérieure, en particulier l’analyse horizontale (c’est à dire par thème et non par entretien). Elle serait appropriée par exemple pour des problématiques comme «  les attitudes et comportements des salariés face à l’intéressement : étude comparée des ouvriers/employés et des cadres ». En revanche, si le chercheur souhaite plutôt obtenir une compréhension fine et profonde des répondants par rapport à son objet de recherche,  enrichir progressivement sa connaissance autour de cet objet, il a alors intérêt à adopter une démarche plus progressive, soit en modifiant son guide d’entretien en fonction des thèmes émergents jusqu’à ce qu’il ait le sentiment d’avoir exploré toutes les facettes de sa question de recherche, soit enchaînant des formes d’entretiens différentes avec les mêmes individus. Il peut ainsi être fécond, avec un même répondant, de passer de « l’entretien créatif » à l’entretien « actif ». Le premier, non ou très peu directif, se déroule sur le mode de la conversation, sans que l’objet de la recherche soit nécessairement abordé. Il s’agit de favoriser la prise de connaissance mutuelle, le déclenchement d’émotions et la construction d’une relation de confiance. Sur ce substrat se dérouleront des entretiens plus directifs et plus focalisés, plus riches car précédés par l’entretien créatif. Mais les données ainsi collectées sont difficilement comparables. Cette approche est pertinente pour l’exploration de concepts mal connus ou complexes comme le « besoin de reconnaissance », le « développement durable », etc…



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