vendredi 23 juin 2023

L'entretien directif

L’entretien directif est celui qui se rapproche le plus de l’interrogation par questionnaire. Si la personne interrogée exprime librement son opinion, le déroulement de l’entretien s’appuie sur un ensemble de questions ouvertes, libellées d’une façon standard et posée à tous les répondants de façon identique.


La dynamique de l’échange est naturellement plus soutenue dans la mesure où l’enquêteur est ici plus directif et ce type d’entretien dure aussi moins de temps (30 à 45 mn). Si l’information collectée semble au premier abord plus dense, elle se révèle plus souvent moins profonde et nuancée qui est obtenue à l’issue d’un entretien semi-directif, car le répondant est ici contraint d’inscrire ses réponses dans le cadre du questionnaire établi par le chercheur. L’entretien directif est donc une méthodologie recommandée, lorsque l’analyse requiert une stricte comparaison des réponses à un ensemble de questions ouvertes : acquisition d’un vocabulaire techniques, préparation d’un questionnaire quantitatif, recensement des grandes dimensions d’un phénomène, etc… Deux distorsions sont ainsi minimisées, à défaut d’etre entièrement éliminées. D’une part, celle qu’introduit le recours à différents enquêteurs qui développe chacun une façon particulière de conduire l’entretien. D’autre part, celle qui est induite par l’aptitude ou la propension des répondants à s’exprimer d’une façon également compréhensible et structurée.

vendredi 16 juin 2023

Les entretiens semi-directifs

C’est le plus utilisé en sciences de gestion, il est mené à l’aide d’un guide (ou grille ou encore canevas) d’entretien, sorte de liste des thèmes/sujets à aborder avec tous les répondants et qui constitue un véritable support et fil conducteur de l’échange. 

L’ordre de discussion n’est toutefois pas imposé. L’enquêteur s’appuie sur l’enchaînent des idées propres au répondant pour évoquer un thème avant ou après un autre. Cette flexibilité de l’entretien semi-directif permet, par la relative liberté laissée au répondant, de mieux appréhender sa logique alors que, dans le même temps, la formation du guide favorise des stratégies d’analyse comparative et cumulative entre les répondants et se prête mieux à certaines contraintes de terrain (faible disponibilité des répondants) et aux compétences de enquêteurs (souvent limitées). Sa durée varie le plus souvent entre trente minutes et deux heures.

Au cours de l’entretien semi-directif, le rôle de l’enquêteur est donc d’approfondir chaque élément important du discours du répondant, en s’appuyant sur le guide qui lui fournit un cadre général du déroulement de l’entretien, une exposition ordonnée des sujets à aborder et une suggestion des techniques de relance ou d’approfondissement à utiliser.

Il convient de distinguer différents types d’objectifs possibles, ces derniers ayant une influence sur le choix des types d’entretiens et leur organisation. Si le chercheur cherche avant tout à connaître les différentes positions, compréhensions, attitudes, etc… par rapport à un sujet (avec éventuellement une volonté de comparaison), il a alors intérêt à construire un guide d’entretien qui lui permettra une approche systématique des différents répondants sur les mêmes thèmes et facilitera l’analyse ultérieure, en particulier l’analyse horizontale (c’est à dire par thème et non par entretien). Elle serait appropriée par exemple pour des problématiques comme «  les attitudes et comportements des salariés face à l’intéressement : étude comparée des ouvriers/employés et des cadres ». En revanche, si le chercheur souhaite plutôt obtenir une compréhension fine et profonde des répondants par rapport à son objet de recherche,  enrichir progressivement sa connaissance autour de cet objet, il a alors intérêt à adopter une démarche plus progressive, soit en modifiant son guide d’entretien en fonction des thèmes émergents jusqu’à ce qu’il ait le sentiment d’avoir exploré toutes les facettes de sa question de recherche, soit enchaînant des formes d’entretiens différentes avec les mêmes individus. Il peut ainsi être fécond, avec un même répondant, de passer de « l’entretien créatif » à l’entretien « actif ». Le premier, non ou très peu directif, se déroule sur le mode de la conversation, sans que l’objet de la recherche soit nécessairement abordé. Il s’agit de favoriser la prise de connaissance mutuelle, le déclenchement d’émotions et la construction d’une relation de confiance. Sur ce substrat se dérouleront des entretiens plus directifs et plus focalisés, plus riches car précédés par l’entretien créatif. Mais les données ainsi collectées sont difficilement comparables. Cette approche est pertinente pour l’exploration de concepts mal connus ou complexes comme le « besoin de reconnaissance », le « développement durable », etc…



lundi 12 juin 2023

Les entretiens individuels

L’entretien est la méthode qualitative la plus utilisée en sciences de gestion. C’est une technique destinée à collecter, dans la perspective de leur analyse, des données discursives reflétant notamment l’univers mental conscient ou inconscient des individus. C’est un dispositif de face à face où un enquêteur a pour objectif de favoriser chez un enquêté la production d’un discours sur un thème défini dans le cadre d’une recherche. 


L’entretien se caractérise par une rencontre interpersonnelle qui donne lieu à une interaction essentiellement verbale : les données collectées sont donc coproduites. Ces données se fondent sur des représentations stockées en mémoire du répondant : elles sont reconstruites lors de leur verbalisation.


Cette interaction entre un chercheur et un répondant suppose une organisation particulière pour pouvoir atteindre les objectifs de la recherche (forme de l’entretien, échantillon, lieu, guide, mise en situation, stimuli, mode d’enregistrement des données, etc…)

L’entretien individuel est une situation de face à face entre un investigateur et un sujet.  L’entretien individuel est issu d’un constat : aucune observation fût-elle minutieuse ne peut rendre compte de la complexité de l’action humaine : or force est de reconnaître que les chercheurs en sciences sociales s’intéressent de plus en plus à la manière dont l’individu perçoit son environnement, à ses croyances et à ses intentions.

A la différence de l’enquête par questionnaire qui s’appuie sur une définition a priori des catégories de réponses, sur lesquelles le répondant est obligé de se déterminer, l’entretien individuel privilégie le témoignage spontané et non contraint de la personne interrogée.

L’entretien individuel est bien adapté pour l’exploration de processus individuels complexes (compréhension, évaluation, décision, appropriation, immersion, imagerie mentale, etc.) ou de sujets confidentiels touchant à l’intimité de l’individu ou encore tabous (la religion, l’alcool, le tabac, la mort, l’argent, etc.), et /ou pour mettre en évidence des différences individuelles. 

Le choix de l’entretien suppose que le chercheur dispose de peu d’informations a priori. La démarche est donc généralement exploratoire. Il s’agit ici pour le chargé d’études de « construire ses données » en tenant compte de cinq spécificités fortes qui différencient cette dernière technique de l’observation ou de l’interrogation par questionnaire :


- Un rapport verbal : le dialogue entre le chercheur et le répondant emprunte la forme orale et l’analyse porte aussi bien sur le fond que sur la forme. Le vocabulaire, le niveau de langue, le ton, l’hésitation ou la spontanéité, la gêne ou l’embarras, sont autant d’informations parfois plus riches d’enseignement que les idées rapportées. C’est la raison pour laquelle est conseillé l’enregistrement de l’entretien.

- Un entretien provoqué : à la différence de l’observation, l’entretien établit un mode de communication « provoqué » entre le chercheur et le répondant, ce qui lui confère parfois un caractère peu « artificiel ». le sujet évoqué ne justifie pas toujours un dialogue aussi approfondi. Le chercheur doit donc veiller à ne pas abuser de techniques de relances qui altèrent l’opinion spontanée du répondant. 

- Un entretien conduit à des fins de recherche : quelle que soit la forme qu’il emprunte, l’entretien est dicté par la résolution d’une problématique avancée par le chercheur. Il ne poursuit donc pas la même finalité que l’entretien thérapeutique dont le but est d’aider la personne qui s’exprime à résoudre son problème.

- Un entretien fondé sur un guide d’entretien ce dernier fournit une trame de dialogue, afin que le chercheur puisse structurer la conduite de l’entretien et s’assurer de sa progression. Contrairement à l’interrogation par questionnaire, les réponses ne sont jamais suggérées et le répondant peut évoquer chaque thème dans l’ordre qu’il souhaite et en leur donnant l’importance qu’il leur prêt. 

- Un entretien intensif la taille restreinte de l’échantillon interrogé n’autorise bien souvent aucune généralisation des conclusions rapportées. L’objectif est davantage d’explorer en profondeur les réactions individuelles, d’en cerner les causes et de déceler les processus à l’origine de certains comportements (ex : la marginalisation, la violence, l’identification sociale, etc.). L’entretien est donc une forme d’enquête intensive plutôt qu’extensive, le chercheur doit en tenir compte dans la formulation des limites de sa recherche.


lundi 5 juin 2023

Recherche qualitative Vs recherche quantitative

On a tendance à opposer deux démarches qui relève de logique tout à fait différente.

- Du point de vue ontologique, la méthode quantitative sera qualifiée de réalisme Vs relativisme

- Au niveau des buts et des objectifs des études dans le quantitatif ce qui est recherché c’est l’objectivité Vs la subjectivité. 

- Dans une démarche quantitative, il s’agit de prouver des relations de cause à effet, alors que dans une démarche qualitative il s’agit de découvrir des significations au sein d’expérience et il va s’agir de construire des théories et décrire des phénomènes.

- Au niveau des méthodes, dans une démarche quantitative, la méthode relèvera plutôt d’expérience, d’administration de questionnaires ou d’enquête alors que dans une démarche qualitative on utilisera plutôt des entretiens interactifs semi-directifs principalement, des interviews et ce que l’on appelle l’observation participante

- Au niveau des échantillons dans une démarche quantitative l’échantillon sera en principe randomisé, (c’est-à-dire la sélection au hasard ou aléatoire c’est à dire qu’on va tirer au sort l’échantillon), et il sera plutôt large. Plus il sera large meilleure sera la validité de l’étude, dans une démarche qualitative, ce qui est recherché c’est justement d’interroger un petit nombre de sujet et il sera relativement petit, l’échantillon sera choisi à propos, qui sert l’objet de l’étude.

- Lors de l’analyse des données, la démarche sera plutôt déductive pour l’approche quantitative et plutôt inductive dans une démarche qualitative 

- Dans une démarche quantitative, les résultats sont décrits avec des statistiques principalement alors que dans une démarche qualitative les résultats sont plutôt présentés avec des mots et leurs significations est examinée

- Au niveau des résultats, la vérité est découverte pour une démarche quantitative, dans une démarche qualitative les résultats sont co-créés à la fois par l’interprétation du chercheur et les données produites de manière qualitative 


Quelle est la meilleure méthode ?

L’investigation quantitative qui implique une mesure, occupe une place importante dans la recherche, cependant, avec l’attention accrue portée aux méthodologies qualitatives et leur utilisation la légitimité des paradigmes alternatifs est bien établie. 

Le choix dépendra de la problématique et de la question de recherche

Les méthodologies quantitatives et qualitatives sont considérées comme toute aussi essentielle à l’enquête surtout que les deux sont considérées comme étant des méthodes empiriques qui ne s’appuient que sur l’expérience, l’observation et non sur une théorie ou le raisonnement. Pour être considérée comme empirique une étude doit être vérifiable d’une certaine manière c’est pourquoi les chercheurs sont attentifs aux mesures et étapes qu’ils utilisent pour assurer la qualité de leurs travaux. En effet, ils doivent détailler au maximum la méthode qu’ils utilisent dans leur recherche pour que futurs chercheurs soient susceptibles de la reproduire en même temps ils servent des objectifs différents.

Les méthodes choisies pour une étude de recherche doivent toujours être guidées par la question de recherche, si vous voulez connaître l’expérience du vécu avec une maladie spécifique, la recherche qualitative sera la meilleure. Cependant, si vous voulez savoir quels facteurs causent une maladie, la recherche quantitative répondra mieux à la question. 

Les chercheurs pensent souvent que lorsque les méthodologie quantitatives et qualitatives sont utilisées ensembles elles peuvent générer une image et une compréhension plus claires du phénomène étudié. C’est que nous allons voir lorsque nous évoquerons la triangulation et les méthodes mixtes.